Jeudi 22 février, le gouvernement a publié un décret actant de 10 milliards d’euros d’économies budgétaires après avoir revu à la baisse ses prévisions de croissance pour 2024 à 1% au lieu des trop optimistes 1,4 %. La Banque de France, l’OFCE ou encore mon groupe parlementaire avaient alerté sur ces estimations embellies, en vain.
Et voilà où nous en sommes ! Le gouvernement, pour ne pas décevoir les sacro-saintes agences de notation, annonce les coups de rabots. De véritables saignées : 700 millions en moins pour l’enseignement scolaire, 1,1 Mds en moins pour la recherche et l’enseignement supérieur, 2,2 milliards de moins pour l’écologie… Des coupes budgétaires qui sont en partie fléchées sur les dépenses de personnels, donc sur des postes. Les estimations faites par le collectif Nos Services Publics ((2) Collectif Nos services publics (@nosservicespub) / X (twitter.com)) nous donne une idée du massacre :
- Enseignement scolaire : – 8000 postes
- Recherche : -7500 postes
- Défense : – 1700 postes
- Agriculture/alimentation : – 1200 postes
- Diplomatie : – 400 postes
- Justice : – 300 postes
De quoi enfoncer nos services publics plus profondément encore dans la crise, dans l’effondrement.
Dans l’Education nationale, les estimations du Café Pédagogique font froid dans le dos : Cela pourrait signifier 2620 postes d’enseignants qui ne peuvent plus être financés dans le 1er degré public, 1740 dans le second degré public et 1760 postes dans le privé. Enfin l’équivalent de 4600 postes d’AED et AESH pourraient aussi ne pas être financés (lien https://www.cafepedagogique.net/2024/02/22/pres-de-11-000-emplois-supprimes-a-leducation-nationale/
C’est une situation gravissime qui se dessine dans un contexte déjà extrêmement tendu. La carte scolaire 2024 actait déjà de milliers de fermetures de classes partout dans le pays (environ 80 en Moselle). Au programme donc, des classes surchargées, des enseignants non remplacés, à bout, encore plus d’enfants en situation de handicap non accompagnés, des économies sur les fournitures et les sorties scolaires… le voilà « le choc des savoirs » de G. Attal. Qu’on se rassure… nos écoliers et nos élèves auront de beaux uniformes pour se rendre en classe (ce qui coutera la modique somme de 2 Milliards d’euros à l’Etat et aux collectivités), ce qui leur permettra de vivre tout cela sereinement sans aucun doute…
Dans la recherche, les suppressions de postes pourraient être encore plus importantes, jusqu’à 15 000 en considérant les opérateurs de recherche.
L’aide à l’accès au logement se voit réduite aussi de 300 millions d’euros alors que plus de 300 000 personnes dorment à la rue dans notre pays dont plus de 3000 enfants.
Quant à l’écologie, c’est le secteur le plus touché par la coupe, une aberration quand on sait le « mur d’investissements » (pour reprendre les termes du rapport Pisani-Mahfouz) qui s’élève devant nous pour lutter contre le dérèglement climatique. Plus de 2 milliards d’euros sont supprimés sur les programmes touchant à l’écologie, au développement durable et à la mobilité, dont la moitié sur la rénovation thermique des logements, soit environ 134 000 logements (estimation du collectif Nos Services Publics).
Ces coupes budgétaires sont une honte, elles sont scandaleuses et elles sont criminelles.
Et surtout, ces coupes budgétaires ne sont pas une fatalité, elles sont leur choix politique ! Le gouvernement aurait pu faire un autre choix. Celui de chercher de nouvelles recettes plutôt que de sabrer dans les dépenses publiques !
A chaque examen du Projet de Loi de Finances, mon groupe parlementaire fait des propositions en ce sens : taxation des super-dividendes, taxation des transaction financières, meilleure progressivité de l’impôt sur le revenu, rétablissement de l’Exit Tax, de l’ISF, impôt universel ciblé.
Moi-même, dans mon rapport annuel sur la lutte contre l’évasion fiscale, je propose des dizaines et des dizaines de recommandations pour aller chercher les 100 Milliards de l’évasion fiscale.
100 Milliards !! 100 Milliards par an qui nous sont volés, par les grandes multinationales ou les plus riches de ce pays qui ne respectent pas les règles communes, qui ne paient pas leur juste part d’impôt.
Et que fait le gouvernement sur ce sujet ? rien ! Le ministre des comptes publics, Thomas Cazenave, préfère aider Bruno Le Maire à aller chercher 10 Milliards dans les différents ministères et donc sur le dos des français, que de s’atteler à cette tâche qui relève de la justice fiscale. L’été dernier, lorsque Gabriel Attal occupait cette fonction, il avait annoncé un grand plan de lutte contre les fraudes à grand renfort de communication. A l’époque, il se gargarisait des « bons chiffres » des montants recouvrés par Bercy dans la lutte contre la fraude fiscale : 14,6 Milliards en 2022. Un an après, après ce fameux « plan fraudes », on apprend au détour d’une interview de Thomas Cazenave sur France Inter qu’en 2023 ce sont autour de 11 milliards issus de la fraude qui reviennent dans les caisses de l’Etat… 20 % de moins encore… 11 Milliards… sur une estimation de 100 Milliards de pertes. La honte !
Alors qu’il pourrait faire le choix de la justice fiscale et sociale, le gouvernement fait donc le choix de l’austérité, de l’effondrement des services publics, de l’inaction climatique, du creusement des inégalités.
Nous réfutons ce choix, nous ne l’acceptons pas ! Une autre réponse est possible aux règles de rigueur imposées par l’Union Européenne. C’est pourquoi La France Insoumise a demandé au Président de la République de soumettre à référendum ces règles budgétaires et ces 10 Milliards de coupe dans les dépenses publiques. Les Françaises et les Français ont le droit de refuser ces choix qui ont des conséquences dramatiques sur leur vie.